26-9: Traction-Brabant, dans son n°64

a publié ce poème
d’un collègue-camarade 
sous mon nom
ce collègue-camarade
ne l’assumant pas tout à fait
pour des raisons évidentes 
de sexualité:



Pour le coming out je pense toujours à ma mère
Je voudrais savoir d’avance comment elle se tiendra
Si les pattes d’oie aux coins de ses yeux
Se fermeront comme un verrou
Si elle me dira : mon fils
Tu n’es plus mon fils
Si elle me prendra tout de même dans ses bras
En pleurant
Si elle se laissera glisser doucement de sa chaise comme si
Je venais de lui décocher un carreau d’arbalète
En plein son cœur de vieille mère juive
Si elle dira : mon fils tu fais erreur
Tu te fais des idées
Tu ne peux pas être pédéraste
Puisque tu es mon fils
Si elle pleurera
Si elle mettra la tête dans le four en gémissant :
Mon fils, allume le gaz !
Ou si elle me pardonnera
Tous mes péchés
Parce que je suis son fils.
Pour mon père je sais d’avance :
Il se cachera derrière sa barbe indéchiffrable
Et ne me parlera plus
Jusqu’à sa mort.