22-4: l'OH (GPG 8)

Il n’y a pas de bouton whisky.


Et ma nouvelle connaissance ne comprend toujours pas
ce que je veux
au juste.


Pourtant pas compliqué.


Me mets à singer l’ébriété, la chaleur, la joie.
Puis titube, ris, chante sans paroles, tombe, me relève,
chante de plus belle et particulièrement faux, ouvre grand
des yeux hagards, tourne autour de moi-même comme
une toupie humaine ou une vis humaine,
répète en boucle :
Whisky
Alcool
Scotch
Eau-de-vie
Whisky
Whisky
Alcool,
jusqu’à ce que ça rentre.



Ça rentre : on croirait voir Archimède sortir du bain,
l’autre s’exclame soudain,
mine illuminée, prunelles brillantes, doigt levé,
Vous voulez de l’OH, c’est ça,
c’est de l’OH que vous voulez ?


Il cherche mon mot.


De l’alcool ? C’est ça que vous voulez ?


Moi de branler du chef comme un chien fou.


Malheureusement l’OH est interdit à bord, lâche-t-il, sans se rendre compte.


Une houle terrible monte de mon épigastre. Irradie. M’enflamme.
Tel le phénix. L’étape avant la cendre.


Mais comment voulez-vous, dis-je furieusement,
comment voulez-vous qu’un poète tel que moi,
de mon envergure, de mon amplitude,
fonctionne à sec, sans carburant, sans fluide vital ?
Et qu’est-ce que vous pouvez bien boire  
si donc vous ne buvez pas d’alcool ?  
Qu’est-ce que vous pouvez bien boire
sur cette épave que vous appelez Vaisseau de Bataille ?

De l’H2O, essentiellement, répond l’autre, navré,
de l’H2O avec parfois
un peu de sucre vert au fond
et puis des bulles.