14-2: Le chat est une particule 7





Mais il ne faut pas s’arrêter là. Surtout pas. Si on s’arrête là, c’est comme si tirait le frein à main au milieu de nulle part, au pire endroit pour faire une pause sur l’autoroute, là où il n’y a ni station pour acheter des club sandwichs ni aire de repos ni même toilettes incroyablement pisseuses au point qu’on se demande quel démon prend les gens dans ce genre d’endroit, pourquoi est-ce qu’ils pissent partout sur les murs des toilettes d’autoroute et même limite au plafond des toilettes d’autoroute alors que ça ne leur viendrait pas à l’idée de faire ça chez eux ; non – ne nous arrêtons pas là mais continuons vaillamment :

l’univers est donc sans arrêt en train de se diviser en des tas d’autres univers jumeaux, comme une grosse cellule qui ne cesserait de se diviser en des centaines de myriades d’autres cellules et ainsi de suite et donc l’univers n’est pas un mais furieusement multiple, c’est ce qu’on appelle le multivers et voilà qui nous mène à une autre théorie à peu près aussi forte de café à elle toute seule que l’interprétation d’Everett de la physique quantique car selon cette autre théorie, figurez-vous ça, notre univers ne serait qu’un tout petit point fini/bloqué dans un déjà immense ensemble qui lui ne s’arrêtera jamais au grand jamais d’encore s’agrandir.

Et ce qui serait chouette mais alors vraiment chouette se disent un certain nombre de physiciens quantiques hétérodoxes du moment (nous parlons ici d’une minorité d’individus activistes contestataires auxquels nous faisons peut-être trop de publicité et à qui nous accordons sans aucun doute plus d’importance qu’ils n’en ont, la plupart des autres physiciens quantiques comme signalé plus haut sont des gens tout à fait comme des gens, soit vous soit moi : ordinaires ni plus ni moins), ce qui serait vraiment uberchouette pour eux c’est que l’interprétation d’Everett fonctionne avec cette autre théorie dont on vient de parler et qu’on peut nommer multivers inflationnaire si on veut mais c’est vraiment pas facile à se rappeler, et même le top du top ce serait que l’une et l’autre ne soit en fait qu’une seule et même chose, par exemple on pourrait imaginer que l’univers est une casserole géante en expansion infinie dans laquelle des mégazillions d’univers comme le nôtre stoppent à un moment donné leur croissance ce qui fait qu’ils vont se stabiliser sous forme de bulles comme ça arrive souvent dans les casseroles très chaudes – et ce coup de la casserole pleine d’univers d’une certaine façon arrangerait l’interprétation d’Everett et la théorie du multivers inflationnaire ensemble puisqu’un reproche qu’on peut adresser à l’idée d’un multivers qui n’en finit pas grandir c’est que là-dedans il y aurait une infinité de résultats possibles pour tout et n’importe quoi (chats morts, crash aériens) – avec ce multivers-là considéré tout seul on ne pourrait plus rien calculer car tout absolument tout serait non seulement possible mais aussi réel car tout absolument tout serait forcément arrivé une fois quelque part or une théorie qui ne permet pas de calculer des trucs autant dire que c’est pareil qu’un couteau sans lame auquel manque le manche ou qu’un martini sans olives et sans martini ou qu’une pizza sans pâte ni garniture ni base crème ni base tomate autant dire que ça n’a pas trop d’utilité.

Alors que dans l’autre cas : avec le multivers + les bulles, avec les univers-bulles dans la casserole cosmique ça peut marcher, ce serait envisageable que de très nombreux univers-bulles coexistent dans un multivers mais de façon probabiliste soit de la même façon qu’un chat mort et un chat vivant coexistent de façon probabiliste à fifty-fifty dans la boîte tant qu’on l’a pas ouverte, ce qui fait que tout ne serait pas toujours déjà arrivé quelque part mais par contre tout pourrait arriver et à partir de là on serait vite en mesure de se remettre à faire ce qu’on aime quand on fait de la science, j’ai nommé : des calculs avec des probabilités comme vous avez dû en faire suivant votre filière au lycée quand vous n’étiez pas encore mort – mais en bien évidemment extrêmement incroyablement plus compliqués.